Vous êtes en couple depuis plusieurs années. Vous avez peut-être des enfants, un quotidien bien organisé, une stabilité de vie qui pourrait presque ressembler à un idéal. Et pourtant… quelque chose cloche. Vous vous sentez distant(e), irritable, ou tout simplement vide. Votre partenaire vous agace, ou vous vous surprenez à rêver d’une autre vie.
Et si ce mal-être venait de blessures émotionnelles plus anciennes ? Des blessures souvent invisibles, enfouies, mais bien présentes, qui se réveillent une fois la relation installée. Explorons ensemble.
1. La stabilité n’efface pas les blessures anciennes
Dans les premiers temps d’une relation, tout est nouveau, excitant. C’est la phase de fusion. On se sent compris, aimé, valorisé. Cette période de passion amoureuse agit souvent comme un pansement sur des blessures anciennes : on a l’impression que l’autre va enfin réparer ce qui a fait mal dans le passé.
Mais avec le temps, cette illusion se dissipe. Le quotidien, les responsabilités, l’arrivée d’enfants ou la simple routine viennent remplacer la magie des débuts. Et quand le bruit de fond de la vie commune prend le dessus, le silence de nos blessures passées se remet à parler.
Prenons l’exemple de Julie, 39 ans, mariée depuis dix ans. Elle a toujours été “forte”, indépendante. Mais depuis quelques mois, elle se sent rejetée par son mari. Il travaille beaucoup, ne remarque plus ses efforts, et elle se sent transparente. Elle explose un soir après une remarque anodine. En thérapie, elle réalise qu’elle revit le rejet de son père, qui était souvent absent. La blessure n’était pas guérie : elle était juste en sommeil.
2. L’effet de l’indifférence après la fusion
La phase dite de l’indifférence survient après la phase de fusion passionnée. C’est une phase saine, nécessaire, qui marque la transition vers un amour plus mature. Elle permet à chacun des partenaires de se retrouver en tant qu’individu, de réinvestir ses projets personnels, ses espaces intimes et ses besoins propres. Si nous restions dans la phase de fusion, cela deviendrait invivable : on serait constamment obsédé par l’autre, incapable de se concentrer, de travailler, ou même de prendre soin de ses enfants ou de soi-même.
Dans cette phase d’individuation, l’amour change de forme. Il devient attachement, stabilité, ancrage. Le danger, toutefois, c’est que cette étape soit confondue avec un désengagement affectif, surtout si elle est mal vécue ou non comprise. Car si elle n’est pas accompagnée d’un dialogue sincère, elle peut devenir un terrain fertile pour la résurgence de blessures anciennes, quand chacun commence à se sentir à nouveau seul face à soi-même.
Pourquoi ces blessures réapparaissent-elles justement à ce moment ? Parce que l’autre ne nous “protège” plus symboliquement de nos vulnérabilités. Il n’est plus ce miroir idéalisant, ce refuge émotionnel absolu. Il devient, parfois malgré lui, un déclencheur involontaire de nos insécurités profondes.
3. Quand les traumas enfouis refont surface
Les blessures qui ressurgissent ne sont pas toujours liées à des événements marquants ou traumatiques au sens classique. Il s’agit souvent de blessures d’attachement, formées dans la petite enfance, durant la construction de notre psychisme. Tout le monde en porte, car aucun développement n’est parfaitement sécurisé.
Ces blessures fondamentales façonnent notre manière d’entrer en lien : certains auront une peur d’être abandonnés, d’autres un besoin de tout contrôler, d’autres encore une difficulté à exprimer leurs émotions ou à recevoir l’amour. Ce ne sont pas des “scènes” isolées mais des expériences répétées, ou parfois l’absence d’expériences nécessaires, qui ont inscrit en nous des croyances profondes : “je ne suis pas digne d’amour”, “je dois me débrouiller seul”, “on ne peut pas faire confiance”…
Les connaître ne suffit pas toujours à les “guérir”. Mais les comprendre nous permet de savoir comment nous fonctionnons, quelles sont nos zones sensibles — notre “kryptonite” relationnelle. Et cela change tout dans la manière dont nous vivons nos relations amoureuses.
Lise Bourbeau, dans son livre “Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même”, décrit cinq grandes blessures émotionnelles :
Le rejet : se sentir non-digne d’exister, inutilisable, ignoré.
L’abandon : se sentir seul(e), sans soutien, dépendant affectivement.
L’humiliation : avoir honte de soi, de son corps, de ses besoins.
La trahison : ne pas pouvoir faire confiance, tout vouloir contrôler.
L’injustice : se sentir brimé, pas reconnu, traité injustement.
Ces blessures s’activent souvent dans la relation de couple, parce que c’est l’espace le plus intime où nous nous exposons. Et c’est pourquoi même un petit geste ou un oubli peut faire “déborder le vase”.
4. L’impact sur la relation et les stratégies de protection
Face à la douleur, chacun trouve une stratégie. Certains fuient (travaillent plus, se referment, fantasment une autre relation), d’autres attaquent (critiques, reproches, colères), d’autres encore se suradaptent ou se taisent.
Ces stratégies ont un impact profond sur la dynamique du couple. Car en couple, il est très facile — souvent sans le vouloir — de faire mal à l’autre en appuyant là où ça fait déjà mal. Si ces zones sensibles ne sont pas travaillées dans un cadre thérapeutique conscient, le couple souffre, sans toujours comprendre pourquoi. Le désir peut s’éteindre. La communication devient fonctionnelle ou conflictuelle. Et parfois, chacun se sent plus seul à deux que s’il était vraiment seul.
5. Et si c’était une opportunité de transformation ?
Le fait que les blessures ressurgissent n’est pas une fatalité. Au contraire, c’est souvent un appel : un appel à guérir, à grandir, à aimer autrement.
La thérapie de couple ou individuelle peut vous aider à mettre des mots sur ce qui vous fait mal. Elle permet de comprendre les dynamiques relationnelles, de nommer les blessures activées, de construire une nouvelle manière de se relier à l’autre.
Par exemple, dans une séance, on pourra explorer :
Qu’est-ce que je ressens vraiment quand tu fais cela ? De quoi j’ai peur ? Qu’est-ce que cela me rappelle ? Comment pourrais-je exprimer ce besoin sans t’accuser ? Comment puis-je aller mieux ? Que puis-je faire pour que tu ailles mieux ? Comment pouvons-nous nous soutenir et, avec ça, mieux nous aimer et être plus heureux ?
En recréant un espace de sécurité, le couple peut apprendre à se soutenir dans ses blessures au lieu de les réactiver mutuellement.
Conclusion
Si vous reconnaissez certains signes dans votre relation, n’attendez pas d’être au bord de la rupture pour agir. Le retour des blessures anciennes est souvent un passage obligé dans l’histoire du couple. Mais ce n’est pas la fin. C’est peut-être le début d’une nouvelle relation : plus consciente, plus sincère, plus solidaire.
Je vous accompagne avec bienveillance dans cette exploration. Pour commencer, vous pouvez réserver une première séance de thérapie de couple avec moi. Parlons-en.
Sources :
- Bourbeau, Lise. Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même
- Données issues des formations en thérapie de couple et sexothérapie
- Expérience clinique de terrain
Qui est suis-je?
Je suis Fanny Clair, Française vivant au Brésil depuis 2014. Mariée et maman de deux jeunes enfants, je suis psychanalyste spécialisée dans les questions féminines, sexologue et thérapeute de couple.
Au sein de ma pratique, j'associe la psychanalyse et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour offrir un accompagnement efficace.
Par ailleurs, je suis la fondatrice du blog "Savoir Collectif", où je partage des réflexions et des ressources sur le bien-être émotionnel.
