Je l’aime mais je ne le supporte plus : que faire face à cette ambivalence ?
Il est possible d’aimer profondément son partenaire tout en ressentant une exaspération grandissante face à son comportement. Cette phrase « je l’aime mais je ne le supporte plus » traduit un paradoxe fréquent dans la vie de couple. Derrière elle se cachent souvent fatigue émotionnelle, conflits répétés, différences de valeurs ou encore une difficulté à communiquer.
Dans cet article, nous allons explorer ce que signifie ce sentiment ambivalent, pourquoi il apparaît et comment y faire face de manière constructive.
Quand l’amour se heurte au quotidien
Dans les premières années, le couple vit souvent porté par l’élan amoureux et le désir. Mais avec le temps, la vie quotidienne, les responsabilités parentales, le stress professionnel ou encore les habitudes peuvent éroder la patience. Ce n’est pas nécessairement un manque d’amour : c’est l’usure du lien.
En thérapie de couple, on observe que ce « trop-plein » s’exprime souvent par des irritations, critiques constantes, silence ou distance affective.
Les causes possibles de ce paradoxe
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce sentiment de dualité :
Un manque de communication constructive : reproches, malentendus et attentes non exprimées créent un climat de tension.
Une incompatibilité dans les besoins : certains recherchent plus d’intimité, d’autres plus d’indépendance. Le déséquilibre peut mener à un rejet émotionnel.
Les transitions de vie : arrivée d’un enfant, déménagement, charge mentale… Autant de moments où le couple doit se réorganiser et où les tensions émergent.
La fatigue émotionnelle : lorsqu’on ne se sent plus entendu, on finit par voir davantage les défauts de l’autre que ses qualités.
Comment traverser cette crise sans détruire le couple ?
La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de dépasser cette situation. Quelques pistes utiles :
Mettre des mots sur vos émotions
Utiliser une communication claire et non violente permet de dire ce que l’on ressent sans accuser l’autre.Prendre du recul
S’accorder du temps seul(e) aide à retrouver de la respiration et à relativiser les tensions.Retrouver les moments positifs
Revaloriser ce qui fonctionne dans la relation (complicité, projets communs, tendresse) aide à rééquilibrer la perception.Explorer vos besoins profonds
Identifier vos valeurs et besoins (reconnaissance, affection, autonomie) permet de mieux comprendre ce qui est blessé en vous.Envisager une thérapie de couple
Un espace accompagné permet de rétablir le dialogue, apaiser les blessures et redéfinir un projet commun.
5 astuces pour répondre à « Je l’aime mais je ne le supporte plus »
Des approches comme la thérapie comportementale intégrative de couple (IBCT) ou le modèle de Gottman insistent sur deux leviers essentiels : apprendre à changer certaines habitudes relationnelles et à accepter ce qui ne changera pas.
L’objectif n’est donc pas de « réparer » à tout prix ou de nier ses ressentis, mais de retrouver une manière plus saine de se voir, de se parler et de se soutenir. Pour cela, les psychologues et thérapeutes internationaux recommandent de travailler à la fois sur la façon dont on regarde son partenaire, sur la gestion des conflits, mais aussi sur la reconnexion à soi-même.
Je vous propose ici 5 astuces concrètes, inspirées de ces approches, pour vous aider à transformer ce sentiment d’étouffement en une occasion de redonner un souffle à votre relation — ou du moins, de la voir avec un regard plus apaisé et plus juste.
1. Regarder l’autre comme quelqu’un d’attrayant à nouveau
Principe : L’attrait ne repose pas seulement sur l’apparence ou le désir sexuel spontané, mais aussi sur la curiosité psychologique et le sentiment de découvrir ou redécouvrir l’autre.
Pistes concrètes :
Adoptez un “mode explorateur” : chaque semaine, cherchez une caractéristique que vous ne connaissiez pas (un rêve, un souvenir d’enfance, une opinion) et demandez-le lui, sans jugement.
Réactivez les moments de gratitude : notez 2 ou 3 petites choses qu’il/elle fait et que vous avez appréciées aujourd’hui. Le fait de focaliser ses regards positifs change la balance interne de ce que vous “voyez”.
Utilisez des exercices de regard mutuel (eye gazing) : dans un moment calme, se regarder dans les yeux pendant 1 à 2 minutes sans dire un mot — expérience souvent utilisée en thérapies de couple pour raviver la connexion. seattleanxiety.com
Variez le cadre : sortir de votre espace habituel (une petite escapade, un repas dans un endroit nouveau) pour “désautomatiser” la relation et faciliter la redécouverte.
2. Résoudre les conflits pour recréer de l’admiration
Principe : Les conflits non régulés enterrent progressivement le respect mutuel et l’admiration. Une “bonne dispute” est possible : ce n’est pas l’absence de conflit, mais la manière de le traverser.
Pistes concrètes :
Fixer des “règles de débat” : par exemple, pas d’attaque sur la personne, pas de généralisation (“tu fais toujours…”), pas d’interruption. Cela permet de garder le respect en débat.
Exercice « parler-écouter » (technique de l’imago ou techniques de médiation) : un partenaire parle pendant 3 min, l’autre répète ce qu’il a entendu (reformulation), puis échange de rôle. Cela permet de se sentir entendu et compris avant de répondre.
Faire des “pauses conflictualisées” : quand l’émotion monte, arrêter temporairement la discussion, poser un “flag pause” (“j’ai besoin de 10 min pour me calmer”) et revenir dialoguer plus tard. Ceci évite les “attaques irréparables”. apa.org+1
Revendiquer publiquement ses qualités : dans une discussion après coup, reconnaître une qualité de l’autre (ex: “j’admire ta constance sur ce sujet”) pour réparer le respect.
3. Se reconnecter à soi-même pour aimer à nouveau
Principe : Quand on “ne le supporte plus”, cela peut venir d’un déficit de soin de soi (épuisement psychique, désinvestissement de ses propres besoins). On ne peut pas aimer l’autre si l’on ne s’aime pas / ne se respecte pas soi-même.
Pistes concrètes :
Pratiquez une activité régulière (yoga, marche, écriture) qui est votre espace, non “à deux”. Cela recharge et clarifie vos besoins.
Reprendre le dialogue interne : faire un journal émotionnel, noter ses frustrations, ses aspirations, ses désirs personnels — sans les filtrer pour “être de bonne humeur pour l’autre”.
Reconnecter avec ses valeurs profondes : qu’est-ce qui est essentiel pour vous (liberté, respect, créativité, tranquillité) ? Si vous oubliez vos valeurs, vous finirez par “craquer” intérieurement.
Se donner le droit de la solitude : temps seul, micro-vacances solo, moment sans attendre l’autre — pour respirer, se vider la tête, réinvestir sa subjectivité.
4. Contrecarrer le sentiment de suffocation
Principe : Le sentiment de “suffoquer” dans un couple est souvent l’expression d’un manque d’espaces personnels ou d’un mélange excessif des frontières émotionnelles.
Pistes concrètes :
Négocier des “espaces de respiration” dans la relation : temps seul, projets individuels, amis, hobbies.
Instaurer des rituels de séparation douce : un moment chaque jour où chacun “se détache” pour faire quelque chose seul, et revient plus resourcé.
Respiration ou ancrage corporel en pleine tension : lors d’une discussion ardue, chacun fait 3 respirations profondes ensemble avant de continuer — cela ralentit l’amygdale émotionnelle et rétablit le canal de dialogue.
Clarifier vos limites personnelles (émotionnelles, temporelles) : savoir dire “non” ou “j’ai besoin d’un temps”, sans culpabilité excessive.
5. Aimer les défauts de l’autre (ou composer avec)
Principe : L’acceptation est une des pierres angulaires de l’IBCT : apprendre non pas à “ignorer” les défauts, mais à les coexister avec bienveillance et à trouver ce que ces imperfections révèlent de l’humanité de l’autre.
Pistes concrètes :
Reformuler les “défauts” en besoins ou manques : souvent derrière une habitude agaçante se cache un besoin (sécurité, contrôle, espace). En comprendre la raison humanise l’autre.
Faire un “inventaire des qualités et défauts” en duo, à l’écrit, et alterner les rôles — écrire ce que l’on admire chez l’autre et ce qui nous dérange. Puis discuter ce qu’on apprend.
Créer une “charte de tolérance” : convenir ensemble de ce que chacun scrutera de l’autre, et de ce qu’on accepte — un « pacte de cohabitation émotionnelle ».
Pratiquer la gratitude pour ce que ces “défauts” ont pu nous apprendre — parfois l’autre nous pousse à grandir même dans ses imperfections.
Il est important de rappeler qu’aimer ne veut pas toujours dire pouvoir vivre ensemble. Certaines relations, malgré l’affection, génèrent trop de souffrance. Dans ces cas, réfléchir au sens de rester dans le couple est essentiel.
La thérapie n’a pas seulement pour but de « sauver » à tout prix, mais aussi d’aider chacun à prendre une décision plus lucide et respectueuse.
Transformer la crise en opportunité
Dire « je l’aime mais je ne le supporte plus » n’est pas la fin d’un couple, mais plutôt le signal qu’il est temps de réajuster les équilibres. Ce sentiment traduit un besoin de changement, soit dans la manière de communiquer, soit dans la façon d’habiter la relation.
Si vous vous reconnaissez dans cette situation, sachez que vous n’êtes pas seul(e). Ce paradoxe est courant et peut être travaillé dans un cadre thérapeutique bienveillant.
👉 Si vous traversez ce dilemme, je vous propose de commencer une thérapie de couple en ligne ou en présentiel, afin de redonner un souffle à votre relation et retrouver une connexion authentique. Contactez-moi ici pour une première séance.
Qui est suis-je?
Je suis Fanny Clair, Française vivant au Brésil depuis 2014. Mariée et maman de deux jeunes enfants, je suis psychanalyste spécialisée dans les questions féminines, sexologue et thérapeute de couple.
Au sein de ma pratique, j'associe la psychanalyse et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour offrir un accompagnement efficace.
Par ailleurs, je suis la fondatrice du blog "Savoir Collectif", où je partage des réflexions et des ressources sur le bien-être émotionnel.

Quelques uns de mes ouvrages
Pour aller plus loin, voici quelques références utiles sur le sujet
Inserm. Amour et psychologie du couple. Disponible sur : https://www.inserm.fr/dossier/amour-et-psychologie-du-couple
Psychology Today. When You Love Your Partner but Can’t Stand Them. Disponible sur : https://www.psychologytoday.com/us/blog/when-you-love-your-partner
Fédération Française de Psychiatrie. Crises conjugales et thérapie de couple. Disponible sur : https://www.ffp.fr/
Beaucoup de personnes traversent cette contradiction intérieure et se surprennent à dire « je l’aime mais je ne le supporte plus ». Cette phrase reflète la tension entre l’affection qui demeure et l’exaspération qui grandit face au quotidien. On peut continuer à ressentir de l’amour, tout en ayant du mal à supporter certains comportements ou attitudes.
Se dire « je l’aime mais je ne le supporte plus » n’est pas un signe de faiblesse ni une preuve que la relation est condamnée : c’est plutôt un indicateur qu’il est temps de repenser la manière dont le couple communique, se respecte et prend soin de lui-même.
Admettre « je l’aime mais je ne le supporte plus » peut aussi être une invitation à se tourner vers de nouvelles stratégies relationnelles. Cela signifie reconnaître qu’un déséquilibre existe, et qu’il faut retrouver un espace d’écoute, de bienveillance et de respiration.
Répéter « je l’aime mais je ne le supporte plus » ne doit pas devenir un poids quotidien, mais au contraire un point de départ pour chercher de l’aide et remettre de la clarté dans la relation. Avec les bons outils — dialogue, introspection, parfois une thérapie de couple — cette phrase peut évoluer vers « je l’aime et je retrouve des raisons de le supporter, même dans nos différences ».