Le terme burn-out évoque souvent l’épuisement professionnel, mais ses effets s’étendent bien au-delà du monde du travail. Il existe aussi le burn-out parental, de plus en plus fréquent, lorsque la charge mentale et émotionnelle liée aux enfants devient écrasante. Dans le cas du burn-out et rejet du conjoint, que faire ?
👉 Quand une personne vit un burn-out professionnel ou parental, son énergie psychique et émotionnelle est tellement mobilisée par la survie quotidienne qu’elle n’a plus de disponibilité pour l’intimité ni pour la relation. Cela peut se traduire par :
retrait affectif et/ou sexuel,
irritabilité, critiques ou indifférence,
sentiment d’étrangeté vis-à-vis du partenaire,
refus de contacts physiques ou de moments partagés.
C’est embêtant parce qu’on se demande alors si on aime encore son partenaire, on peut penser que la séparation apporterait plus de calme ou de facilité. L’autre, de son côté, se sent rejeté, développe aussi des doutes et la confiance mutuelle s’érode. Le burn-out et rejet du conjoint forment un duo douloureux qui touche de plus en plus de couples.
1. Du burn-out au rejet : un glissement progressif
1.1 Épuisement émotionnel, dépersonnalisation, perte de sens
Le burn-out se caractérise par trois dimensions : épuisement émotionnel, dépersonnalisation et sentiment d’accomplissement personnel réduit. Ces dimensions, décrites dans le modèle de Maslach, s’appliquent aussi à la sphère intime.
La fatigue chronique, la distance émotionnelle et l’incapacité à répondre aux besoins du conjoint peuvent mener au rejet comme mécanisme de survie.
Quelques exemples concrets :
Une mère qui cumule un emploi à temps plein, la gestion de la maison et l’éducation des enfants, finit par ne plus avoir aucune énergie pour son conjoint. Elle s’épuise, devient irritable, et chaque demande supplémentaire est vécue comme une intrusion.
Un couple confronté à de fortes préoccupations financières : le stress constant lié aux factures et au budget rogne toute disponibilité émotionnelle, et les tensions se transforment en distance affective.
Un homme épuisé par son travail qui s’enferme dans le silence, passant ses soirées devant un écran. Sa partenaire, ignorée, croit qu’il ne l’aime plus.
Une personne en surmenage émotionnel qui s’emporte facilement, critique ou dévalorise son conjoint, ce qui installe un climat de peur et de distance.
Une mère en burn-out parental qui ne supporte plus le moindre contact physique, même une caresse tendre, car elle se sent constamment sollicitée. Son conjoint se sent alors humilié et indésirable.
1.2 Le couple face au burn-out invisible
Les études montrent que la perte de désir sexuel et le rejet du partenaire sont souvent liés à des facteurs émotionnels, relationnels et contextuels, comme le stress, l’anxiété ou la fatigue extrême.
Elles soulignent également que la difficulté d’intimité et la résistance face à la proximité (même quand l’amour est présent) apparaissent dans les moments de forte anxiété ou surcharge, créant une « zone de confort » de distance qui maintient le problème.
Enfin, la recherche confirme que le rejet n’est pas seulement un problème individuel mais une réaction du système conjugal : le burn-out touche la dynamique globale du couple, où l’équilibre entre les deux partenaires est fragilisé.
On observe ainsi que la personne en burn-out se désinvestit peu à peu de la vie privée, adopte des comportements d’isolement et d’irritabilité. Le partenaire vit alors ce retrait comme un rejet pur et simple. Le burn-out parental accentue encore cette dynamique : plus de conflits, moins de complicité, plus de solitude à deux.
Mais que faire ? Y a-t-il des solutions à court terme ? C’est ce que nous allons voir.
2. Symptômes du rejet lié à l’épuisement
Les symptômes du burn-out et rejet du conjoint varient d’un couple à l’autre. Regardons ensemble tout d’abord les symptômes plus fréquents :
Retrait affectif et physique : absence de gestes tendres, refus de contacts, froideur relationnelle.
Désintérêt ou aversion pour l’intimité : la sexualité est vécue comme une corvée, parfois évitée totalement.
Irritabilité ou cynisme : des reproches constants, une intolérance à de petites erreurs.
Effondrement du désir sexuel : chute brutale ou progressive de la libido.
Isolement et perte de communication : l’impression d’être deux colocataires sans lien affectif.
Une étude souligne que 78 % des couples touchés par le burn-out constatent une dégradation majeure de leur communication, 65 % une chute de leur vie sexuelle, et 82 % un sentiment d’éloignement. Ces chiffres montrent combien ce phénomène fragilise la base du couple.
3. Comprendre plutôt que juger
3.1 Tout d’abord, nommer la souffrance
Le rejet du conjoint n’est en général pas une preuve de désamour. C’est un signal d’alerte, une manière de dire « je n’ai plus de ressources ». Reconnaître cela permet de déculpabiliser et d’ouvrir un espace de compréhension.
Est-ce que je n’aime plus mon partenaire, ou est-ce que je n’ai plus la force d’aimer ? Est-ce que je le rejette vraiment, ou est-ce que je tente simplement de survivre ?
3.2 Restaurer la communication
Quand chacun reste seul dans son coin, le silence augmente, le fossé s’élargit et les sentiments négatifs se renforcent. On ne se comprend plus, et la distance devient insurmontable. C’est pourquoi il faut retrouver du dialogue : non pour accuser, mais pour partager ce que l’on vit et penser ensemble à des solutions pour se reconnecter.
Des outils comme la communication non violente ou le dialogue Imago permettent de dire « je » au lieu d’accuser, d’exprimer ses besoins sans reproches, et d’écouter réellement ce que vit l’autre.
3.3 Le rôle de la thérapie de couple
La thérapie de couple est souvent le premier pas efficace. Elle offre un cadre neutre, sécurisé, où chacun peut exprimer ses ressentis sans peur de jugement. Le thérapeute aide à décoder le rejet, à comprendre ce qu’il exprime réellement, et à trouver des moyens concrets pour restaurer une complicité.
Souvent, le conjoint une fois qu’il comprend mieux ce qui se passe, devient un allié pour trouver des solutions. C’est d’ailleurs ce que nous faisons fréquemment en séance : à deux, cela peut paraître cliché, mais on est vraiment plus fort. Parfois, juste le fait de sortir de sa bulle et d’être compris par l’autre aide énormément à reprendre son souffle.
3.4 Soutenir et se soutenir
💡 En pratique thérapeutique, cela signifie :
Nommer la souffrance : reconnaître que le rejet du conjoint n’est pas un désamour mais une conséquence du burn-out.
Travailler la communication : utiliser des outils pour exprimer besoins et limites sans accusation.
Restaurer l’équilibre : soutenir la personne en burn-out dans la récupération de son énergie (repos, accompagnement psychothérapeutique, recentrage sur ses valeurs) tout en maintenant un lien conjugal minimal (gestes simples de reconnaissance, gratitude, petits moments de présence).
Explorer le rejet : comprendre ce qu’il exprime (besoin d’espace, peur d’échouer, sentiment d’être envahi) pour qu’il devienne un signal de réorganisation plutôt qu’un mur dans la relation.
4. Chemins vers la réconciliation et la prévention
4.1 Accueillir l’autre et reconstruire
Sortir du rejet demande d’abord d’accueillir ce que vit l’autre. Cela signifie reconnaître la douleur, écouter sans minimiser, et accepter que le chemin de réparation soit progressif.
Exemple : un conjoint qui a souffert du silence peut dire « Je me suis senti rejeté quand tu ne m’as plus parlé le soir », et l’autre peut répondre « Je n’avais pas de force pour parler, mais je comprends ta douleur ». Ces moments d’authenticité reconstruisent la confiance petit à petit.
4.2 Que pouvons-nous faire pour prévenir une rechute, ou prendre soin de soi sur le long terme ?
Le risque de rechute est réel. Après une amélioration, la surcharge peut revenir si rien n’est changé. Il est donc crucial de mettre en place des pratiques durables :
Rééquilibrer les rôles : partager les tâches domestiques et parentales de façon plus équitable.
Préserver du temps pour soi : chaque partenaire a besoin de moments personnels pour se ressourcer.
Cultiver le couple : programmer des temps réguliers à deux, même simples (repas sans écrans, promenade, activité plaisante).
Veiller à l’hygiène de vie : sommeil, alimentation, activité physique et temps de repos sont essentiels pour la stabilité émotionnelle.
Suivi thérapeutique : dans le cadre d’un burn-out, l’accompagnement thérapeutique est indispensable, au moins en individuel, et encore mieux en couple. Pourquoi ? Parce qu’en thérapie conjugale, on travaille à la fois sur la souffrance individuelle et sur la dynamique relationnelle. Le partenaire comprend mieux ce qui se passe, et le couple peut mettre en place des solutions concrètes pour éviter de retomber dans le même schéma.
Conclusion
En résumé, le rejet du conjoint lié au burn-out n’est en général pas un signe de désamour : il exprime un épuisement psychique et émotionnel. Le silence, la distance et l’indifférence sont autant de signaux d’alerte qu’il faut apprendre à décoder.
La bonne nouvelle est qu’il existe des solutions : rétablir la communication, chercher du soutien, équilibrer les responsabilités, et si besoin engager une thérapie de couple. Ainsi, il devient possible de préserver et de reconstruire la relation, en lui redonnant progressivement un espace d’intimité, de compréhension et de confiance.
Si vous traversez un burn-out et rejet du conjoint, la thérapie de couple peut vous aider à retrouver un chemin plus serein.
Pour aller plus loin, voici quelques références utiles sur le sujet
Wikipedia (français). Syndrome d’épuisement professionnel. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_d%27%C3%A9puisement_professionnel
Psychology Today (anglais). Why ‘Raising’ Your Partner Leads to Relationship Burnout. Disponible sur : https://www.psychologytoday.com/us/blog/the-power-of-parallels/202210/why-raising-your-partner-leads-to-relationship-burnout
newsOfMarseille (français). Burn-out et rejet du conjoint : comment comprendre et surmonter l’épreuve du couple. Disponible sur : https://www.newsofmarseille.com/burn-out-rejet-conjoint-comment-comprendre-surmonter-epreuve-couple-00159042025.html
Qui est suis-je?
Je suis Fanny Clair, Française vivant au Brésil depuis 2014. Mariée et maman de deux jeunes enfants, je suis psychanalyste spécialisée dans les questions féminines, sexologue et thérapeute de couple.
Au sein de ma pratique, j'associe la psychanalyse et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour offrir un accompagnement efficace.
Par ailleurs, je suis la fondatrice du blog "Savoir Collectif", où je partage des réflexions et des ressources sur le bien-être émotionnel.

Quelques uns de mes ouvrages
Vivre un burn-out et rejet du conjoint est une épreuve qui touche profondément l’équilibre d’un couple. Lorsqu’on traverse cette situation, il est fréquent de ressentir incompréhension, solitude et frustration. Pourtant, il est important de rappeler que le burn-out et rejet du conjoint ne sont pas une fatalité : avec un accompagnement adapté, il est possible de recréer un climat de confiance, de dialogue et de complicité. La première étape est d’oser en parler, pour ne pas laisser le silence et la distance s’installer durablement.
Prendre soin de son couple face au burn-out et rejet du conjoint, c’est aussi accepter d’être accompagné. La thérapie de couple offre un espace pour comprendre ce que vit chacun, transformer le rejet en message compréhensible et retrouver de nouvelles façons d’être ensemble. Si vous vous sentez concernés par le burn-out et rejet du conjoint, n’attendez pas que la situation s’aggrave : agir dès maintenant peut vous permettre de préserver votre relation et de lui redonner de la force sur le long terme.