Adultère : comment traverser cette épreuve dans le couple

L’adultère est l’un des sujets les plus sensibles dans la vie conjugale. Il touche à la confiance, à l’engagement, à l’intimité, mais aussi à la perception de soi-même et du couple. Si vous êtes concerné(e) par une infidélité – en tant que personne trompée ou ayant trompé –, vous n’êtes pas seul(e). Cet article vous propose une lecture du phénomène de l’adultère, avec des pistes pour comprendre et avancer.

L’adultère : une trahison, mais aussi un signal

L’adultère est plus fréquent qu’on ne le pense, et les émotions qu’il déclenche sont très violentes : colère, honte, culpabilité, tristesse. Il est perçu comme une rupture de l’engagement tacite de fidélité, même si ce contrat n’a parfois jamais été explicitement formulé.

Mais l’infidélité n’est pas toujours synonyme de désamour. Dans bien des cas, elle agit comme le symptôme d’un mal-être plus profond dans la relation : sentiment d’abandon, solitude affective, déséquilibre des rôles parentaux, usure du désir ou besoin de reconnaissance individuelle.

Pourquoi certaines personnes trompent-elles ?

Il existe plusieurs types d’infidélité : ponctuelle, répétée, affective, sexuelle, virtuelle. Les causes peuvent être aussi variées que les histoires individuelles. Certaines personnes cherchent à fuir un vide intérieur, d’autres veulent réveiller un désir éteint ou se reconnecter à leur vitalité personnelle. L’infidélité peut aussi survenir dans un couple en apparence stable, sans conflit majeur, mais où la connexion émotionnelle s’est érodée au fil du temps.

Du point de vue psychanalytique, l’adultère peut être compris comme :

• Une tentative inconsciente de résoudre des conflits internes

Dans ce cas, l’infidélité ne vise pas directement le partenaire, mais agit comme une mise en acte de conflits psychiques que la personne ne parvient pas à traiter autrement.

Exemples :

• Une personne avec une forte ambivalence vis-à-vis de l’engagement (désir de sécurité vs besoin de liberté) peut trahir pour tenter de « neutraliser » cette tension interne, sans en avoir conscience.

• Quelqu’un ayant une estime de soi fragile peut rechercher dans le regard d’un(e) autre une valorisation narcissique qu’il/elle ne trouve ni en lui-même, ni dans son couple.

• Un adulte ayant vécu une trahison ou un abandon dans l’enfance peut rejouer inconsciemment ce scénario dans son propre couple, en se positionnant cette fois du côté de celui/celle qui part ou qui trahit.

Dans tous ces cas, l’adultère agit comme un message du psychisme – un symptôme – qui demande à être entendu plutôt que simplement condamné.

• Une mise en scène d’un besoin de reconnaissance ou d’autonomie

Certains adultes vivent une forme d’invisibilité ou d’étouffement dans leur couple : leurs désirs, opinions ou aspirations ont été mis de côté au profit d’un « nous » relationnel. Dans ce contexte, l’infidélité peut devenir une tentative (inconsciente) de réaffirmation de soi.

Ce comportement peut exprimer :

• Un besoin d’être vu(e), désiré(e), valorisé(e) ailleurs, surtout si le sentiment d’exister en tant qu’individu s’est affaibli dans la vie conjugale.

• Une volonté de retrouver une part de liberté personnelle, parfois perdue entre les responsabilités parentales, les attentes du partenaire ou une routine étouffante.

• Un besoin de ressentir une excitation liée au risque, souvent associé à un regain de vitalité ou de puissance.

L’autre n’est pas toujours rejeté, mais l’adultère devient une mise en scène de ce que la personne ne parvient pas à affirmer dans la relation principale.

• Une séparation non assumée

Dans certains cas, l’infidélité agit comme un acte préparatoire à la séparation, sans que celle-ci soit encore pensée ou exprimée consciemment. On parle ici d’un processus de désengagement psychique qui précède la rupture, mais sans qu’il soit verbalisé.

La personne :

• ne sait pas comment dire qu’elle n’est plus heureuse dans la relation,

• craint les conséquences (familiales, sociales, financières) d’une séparation,

• ou espère que l’autre prendra la décision à sa place en découvrant l’infidélité.

C’est une façon de créer un événement extérieur – l’adultère – qui viendra briser le lien, sans avoir à prendre soi-même la responsabilité directe de la rupture. Ce mécanisme peut être très douloureux pour les deux, car il ajoute au chagrin un sentiment de trahison ou de confusion.

Le rôle de la personne trompée : entre douleur et décision

Pour la personne trompée, découvrir une infidélité provoque un choc émotionnel majeur. Les repères volent en éclat, la confiance est brisée, et l’image de soi peut être profondément atteinte. Ce moment nécessite une grande bienveillance envers soi-même.

Il n’existe pas de « bonne » réaction universelle. Certaines personnes choisissent de quitter immédiatement la relation. D’autres souhaitent comprendre, réparer, voire reconstruire une intimité nouvelle. Toutes ces réponses sont valides, à condition qu’elles soient choisies en conscience, et non dictées par la peur, la pression sociale ou les automatismes.

L’impact de l’infidélité sur les enfants

Même si l’adultère concerne d’abord la sphère conjugale, ses répercussions peuvent toucher les enfants, notamment à travers les tensions, les silences ou les changements de comportement parentaux. Il n’est pas nécessaire (ni recommandé) de tout leur dire, surtout s’ils sont jeunes. Mais il est essentiel de préserver leur cadre émotionnel et de continuer à jouer pleinement son rôle parental. L’enfant n’a pas besoin de savoir ce qui s’est passé, mais il a besoin de sentir que ses parents restent disponibles, aimants et stables dans leurs fonctions éducatives. En cas de doute, un accompagnement en parentalité peut aider à poser des repères clairs et adaptés à l’âge de l’enfant.

Les nouvelles formes d’infidélité : quand le virtuel s’invite dans la relation

À l’ère des réseaux sociaux et des applications, l’adultère prend parfois des formes moins visibles mais tout aussi déstabilisantes : discussions ambiguës en ligne, échanges secrets avec un(e) ex, consommation de contenu érotique de façon cachée. Ces « micro-trahisons » peuvent sembler anodines à certains, mais elles blessent profondément d’autres, surtout si elles viennent combler un vide affectif ou relationnel. L’essentiel n’est pas de juger, mais d’interroger à deux ce qui est acceptable, tolérable ou douloureux pour chacun, et de redéfinir les frontières de la fidélité dans votre couple.

Adultère ou non-exclusivité : tout est une question d’accords

Tous les couples n’ont pas les mêmes attentes en matière de fidélité. Certains choisissent, en conscience, une forme d’ouverture relationnelle ou sexuelle. Mais cela ne signifie pas que l’adultère est aboli : dès lors qu’il y a transgression d’un accord explicite ou implicite, la trahison est vécue comme réelle. Dans une relation non-exclusive, les règles sont définies ensemble. Dans une relation monogame, elles sont souvent sous-entendues. Dans les deux cas, la trahison réside moins dans l’acte que dans la dissimulation ou la rupture de confiance. Ce qui compte, c’est de pouvoir en parler de manière sincère et respectueuse.

Quand l’adultère devient répétitif ou compulsif

Certaines personnes enchaînent les aventures extraconjugales, même lorsqu’elles affirment aimer leur partenaire. Dans ces cas, l’infidélité devient un comportement répétitif, parfois difficile à contrôler, qui cache des blessures psychiques plus profondes : peur de l’intimité, dépendance affective, besoin constant de validation externe. Il ne s’agit pas d’excuser, mais de comprendre que ces conduites sont parfois des tentatives de soulagement psychique, souvent au prix de la relation. Un accompagnement thérapeutique individuel peut alors aider à sortir de ces cycles destructeurs, en douceur et sans jugement.

Par où commencer quand on ne sait pas encore quoi faire ?

Découvrir ou vivre une infidélité provoque souvent un effondrement intérieur. Il est normal de ne pas savoir, immédiatement, si l’on souhaite rester ou partir, pardonner ou rompre. Dans ces moments, la priorité est de prendre soin de soi : poser des limites claires, identifier ses émotions, chercher du soutien, se recentrer. Il peut être utile de prendre un temps d’introspection ou d’être accompagné(e) par un(e) thérapeute, seul(e) ou en couple. Des exercices simples de clarification des besoins, ou des outils comme le partage structuré en séance, peuvent déjà apaiser les tensions et vous permettre de retrouver une forme de clarté.

Peut-on reconstruire un couple après un adultère ?

Oui, c’est possible. Mais cela demande un engagement réel des deux partenaires, du temps, et souvent un accompagnement thérapeutique. Dans la pratique de la thérapie de couple, on commence par écouter la douleur de chacun, sans juger, et par clarifier les attentes : est-ce que les deux souhaitent rester ensemble ? Pour quoi faire ? Dans quelles conditions ?

Des outils comme la communication non violente, le partage structuré ou les exercices de reconnexion peuvent être très utiles pour traverser cette crise et redéfinir les bases de la relation.

Le couple peut en sortir transformé, parfois plus fort, parfois plus lucide, parfois en acceptant une séparation respectueuse.

Et si l’adultère nous parlait de nous ?

Qu’on ait trompé ou qu’on ait été trompé, une infidélité nous oblige à une introspection profonde : quels sont mes besoins non entendus ? Qu’est-ce que je fuis ou cherche ? Suis-je en train de vivre la vie relationnelle que je souhaite ? Cette réflexion peut ouvrir un chemin d’évolution personnelle et relationnelle.

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