L’affection est l’un des piliers fondamentaux d’une relation de couple. Elle nourrit le lien, sécurise chaque partenaire et permet de construire un climat de confiance. Pourtant, beaucoup de couples consultent en thérapie parce qu’ils ressentent un manque d’affection, parfois discret mais persistant. Quels impacts cela peut-il avoir sur la relation et la vie émotionnelle de chacun ?
L’affection, un besoin psychologique essentiel
Recevoir de l’affection – par des gestes tendres, des mots doux ou simplement une attention bienveillante – n’est pas un « bonus », mais un besoin psychologique de base. Comme le rappelle la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), notre bien-être dépend de la manière dont nous interprétons les signes de l’autre et du sentiment de sécurité que nous en tirons.
Quand ce besoin n’est pas nourri, l’un des partenaires peut ressentir un vide émotionnel, allant jusqu’à développer un sentiment de solitude, même au sein du couple.
Les conséquences émotionnelles du manque d’affection
Un déficit d’affection ne se traduit pas seulement par une frustration passagère. Il peut engendrer :
Une baisse de l’estime de soi : l’absence de signes d’amour peut être interprétée comme un rejet personnel.
De l’anxiété et de l’insécurité : la personne peut craindre que l’amour de son partenaire diminue ou disparaisse.
Un isolement affectif : le partenaire non reconnu dans ses besoins affectifs risque de se replier sur lui-même.
Ces conséquences peuvent alimenter un cercle vicieux : plus l’affection manque, plus le dialogue se ferme, et plus le couple s’éloigne.
Les impacts sur la sexualité et l’intimité
Le manque d’affection influence également la vie sexuelle. Quand la tendresse et les gestes quotidiens disparaissent, la sexualité peut devenir mécanique ou inexistante. Des études en sexologie montrent que l’intimité affective est un facteur déterminant de l’intimité érotique : il est difficile de désirer son partenaire quand on ne se sent pas aimé ni reconnu.
Dans certains cas, ce manque peut même favoriser l’apparition de dysfonctions sexuelles (baisse du désir, difficultés d’excitation, douleurs, etc.).
Le risque de distance relationnelle et de conflits
Sur le plan relationnel, le manque d’affection peut provoquer :
Une accumulation de ressentiment : chaque geste oublié est vécu comme une preuve de désintérêt.
Des disputes répétitives : souvent déclenchées par des « détails », mais qui révèlent une souffrance plus profonde.
Une ouverture à l’infidélité : lorsque les besoins affectifs ne sont plus comblés, certains cherchent du réconfort à l’extérieur du couple.
À long terme, cela peut mener à un désengagement émotionnel, première étape vers une séparation si rien n’est entrepris.
Comment réagir face à un manque d’affection ?
La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de rétablir ce lien affectif. Voici quelques pistes de travail :
Exprimer ses besoins clairement : utiliser une communication non violente pour dire « j’ai besoin de… » plutôt que « tu ne fais jamais… ».
Explorer les langages de l’amour : certains se sentent aimés par les mots, d’autres par les gestes, le temps passé ensemble ou les attentions pratiques.
Rétablir les rituels d’affection : une étreinte le matin, un message dans la journée, un moment de complicité le soir.
Recourir à la thérapie de couple : un espace neutre permet de comprendre les attentes de chacun et de reconstruire la complicité.
Quelques techniques de thérapie de couple pour aborder le manque d’affection dans le couple
1. La différenciation comme chemin du couple adulte (Vansteenwegen, Bader & Pearson)
Le manque d’affection dans un couple peut parfois être lié à un problème de différenciation. Pour bien comprendre : la fusion, c’est ce moment où les deux partenaires vivent comme s’ils ne formaient qu’un, attendant que l’autre devine et comble spontanément leurs besoins. La différenciation, au contraire, consiste à rester soi-même tout en étant capable de créer un lien profond avec l’autre. Si cette étape n’est pas franchie, l’absence de gestes tendres peut être vécue comme un rejet, alors qu’il s’agit parfois d’une maladresse liée au besoin d’autonomie. Le travail thérapeutique aide alors à comprendre que l’affection n’a pas à disparaître pour que chacun garde son espace personnel.
2. La thérapie intensive (week-end high-impact)
Quand le manque d’affection a déjà creusé une distance profonde, certains couples ont du mal à se reconnecter par de petits pas. C’est là qu’une approche intensive peut être utile : quelques jours consacrés uniquement à la relation, sans distractions, pour se recentrer sur ce lien. Dans ce cadre, le manque d’affection est exploré non seulement comme une plainte, mais comme un signal d’alerte qui demande une attention immédiate. Cela peut débloquer une situation figée et relancer la dynamique affective.
3. L’érotisme et le désir (Esther Perel)
Souvent, les couples me disent : « Nous nous aimons, mais je ne ressens plus de tendresse ni de désir ». Le manque d’affection ne concerne pas seulement les câlins ou les mots doux : il touche aussi la dimension érotique. Comme le rappelle Esther Perel, l’intimité demande de la sécurité, mais le désir a besoin de mystère et de distance. Quand la vie quotidienne efface ce jeu, l’affection risque de s’éteindre. Retrouver une dynamique où chacun peut redevenir « autre » aux yeux de son partenaire peut redonner une place à l’affection, parce qu’elle redevient désirée, et non plus automatique.
4. Le dialogue conscient (Polly Young-Eisendrath)
Un manque d’affection entraîne souvent des malentendus : l’un se sent rejeté, l’autre se sent accablé par des attentes. Le dialogue conscient, inspiré par Polly Young-Eisendrath, permet de mettre ces ressentis en mots de manière respectueuse, sans accusation. Il ne s’agit pas seulement de dire « tu ne me donnes pas assez d’affection », mais de partager ce que l’on vit intérieurement : « quand tu ne me prends pas dans tes bras, je me sens invisible ». Ce type de parole apaise les tensions et crée un espace où l’affection peut à nouveau circuler.
5. L’éthique relationnelle et la loyauté (Boszormenyi-Nagy)
Parfois, le manque d’affection n’est pas seulement une question entre deux personnes, mais le reflet d’histoires familiales plus anciennes. Dans certains couples, donner ou recevoir de l’affection est freiné par des loyautés invisibles : par exemple, une personne qui n’a jamais connu de gestes tendres dans son enfance peut avoir du mal à en exprimer à son conjoint. Comprendre ces transmissions familiales aide à libérer le couple d’un poids qui ne lui appartient pas. Retrouver l’affection, c’est alors aussi rééquilibrer la justice relationnelle : chacun se sent reconnu et légitime dans la relation.
6. Transformer le couple dans son système familial (Virginia Satir)
Le couple ne vit pas isolé : il fait partie d’un système plus large, la famille. Quand l’affection disparaît, cela peut être lié à des tensions extérieures : pression parentale, surcharge éducative, conflits avec la belle-famille… Virginia Satir montrait que rétablir l’affection dans le couple passe aussi par un travail sur ces systèmes. Parfois, les gestes tendres disparaissent non pas par manque d’amour, mais parce que toute l’énergie est absorbée par les contraintes extérieures. Mettre de la clarté dans ces rôles et ces attentes permet de libérer de l’espace pour l’intimité et la tendresse.
7. L’attachement émotionnel (Sue Johnson – EFT)
Le manque d’affection est souvent vécu comme une blessure d’attachement : l’un des partenaires ne se sent plus en sécurité dans la relation. Sue Johnson rappelle que derrière la colère ou le retrait, il y a toujours une demande cachée : « es-tu encore là pour moi ? ». La thérapie émotionnellement focalisée aide à mettre des mots sur ces peurs et à reconstruire un sentiment de sécurité. Quand cette base est retrouvée, les gestes d’affection redeviennent naturels, parce qu’ils ne sont plus demandés comme une preuve, mais donnés dans la confiance.
8. Imago et blessures d’enfance (Harville Hendrix)
Dans certains couples, le manque d’affection réveille des blessures anciennes : l’impression de ne pas être aimé, de ne pas être assez important. Harville Hendrix explique que nous choisissons souvent un partenaire qui, inconsciemment, réactive nos blessures d’enfance. Quand l’affection se fait rare, cela peut sembler insupportable, car cela réveille un ancien manque. Le dialogue Imago propose alors de transformer ce conflit en guérison : en apprenant à exprimer nos besoins et à écouter ceux de l’autre, l’affection devient un moyen de réparer ensemble ce qui a manqué autrefois.
Ce que vous pouvez faire dès aujourd’hui
Quand on souffre d’un manque d’affection, il est facile d’attendre que l’autre change. Pourtant, quelques gestes simples de votre part peuvent déjà transformer l’ambiance relationnelle. Commencez par exprimer clairement vos besoins : au lieu de dire « tu ne m’embrasses jamais », dites « j’aimerais que tu m’embrasses le matin, cela me ferait du bien ». Ensuite, proposez un rituel d’affection quotidien, même très court : un câlin, un regard attentif, un message attentionné. Soyez aussi attentif(ve) à la manière dont votre partenaire exprime déjà son affection, même si ce n’est pas sous la forme que vous attendez (aide pratique, petites attentions, temps partagé).
Deux autres pistes peuvent vous aider :
Valoriser les gestes positifs, même petits, en disant merci ou en montrant que cela vous touche. La reconnaissance encourage naturellement la répétition des comportements affectueux.
Créer des moments de qualité ensemble, même simples : un dîner sans téléphone, une balade, un café partagé le matin. L’essentiel est d’être vraiment présent l’un à l’autre.
Ces cinq pas, simples mais réguliers, peuvent déjà réouvrir la porte à plus de tendresse et préparer le terrain pour un travail plus profond en thérapie, si nécessaire.
Conclusion
Le manque d’affection dans le couple n’est pas une « petite chose » mais un signal d’alerte. Ses conséquences touchent autant la vie émotionnelle que la sexualité et la stabilité de la relation. En prendre conscience est déjà un premier pas vers la reconstruction du lien.
👉 Si vous vous reconnaissez dans cette situation, sachez que vous n’êtes pas seuls. La thérapie de couple peut vous aider à retrouver tendresse, complicité et sérénité. Contactez-moi ici pour en savoir plus.
Qui est suis-je?
Je suis Fanny Clair, Française vivant au Brésil depuis 2014. Mariée et maman de deux jeunes enfants, je suis psychanalyste spécialisée dans les questions féminines, sexologue et thérapeute de couple.
Au sein de ma pratique, j'associe la psychanalyse et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour offrir un accompagnement efficace.
Par ailleurs, je suis la fondatrice du blog "Savoir Collectif", où je partage des réflexions et des ressources sur le bien-être émotionnel.

Quelques uns de mes ouvrages
Pour aller plus loin, voici quelques références utiles sur le sujet :
Université de São Paulo – ProSex. Considerações sobre a intimidade, a ansiedade e o medo do sucesso em terapia sexual. Disponible sur : https://www.revistas.usp.br/
American Psychological Association. The importance of affection in romantic relationships. Disponible sur : https://www.apa.org/
Psychologies France. Pourquoi l’affection est essentielle dans le couple. Disponible sur : https://www.psychologies.com/